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Wednesday, February 28, 2018

philo mag 105

Suis- je l'auteur de ma vie ?
Un surmoi qui surveille et punit: décidément la charge est dure, mais tel est bien le risque inhérent à l'esthétique de l'existence quand elle est menée avec un authentique projet en tête: celui d'une gestion, d'une planification excessive de son être et de ses possibles. C'est nouer avec soi une relation instrumentale, c'est vouloir acquérir une sorte de pouvoir sur sa personne- et Foucaut est pris dans ce paradigme quand il pense le libre gouvernement de soi. Un tel rapport menace de verser dans ce qu'on appelle le psycho- dirigisme transcendantal. Soi un certain rigorisme, une intransigeance à poursuivre une image idéalisée de soi-même, une obsession à toujours réaliser les objectifs que l'on s'est fixés. A la clé, une autoévaluation et un contrôle constants de ses moindres faits et gestes. Pensons au runner équipé de son bracelet connecté, vérifiant en temps réel son rythme cardiaque et la distance parcourue, pestant intérieurement s'il n'est pas à la hauteur de ses standards. Se styliser à outrance, ou comment se fabriquer un surmoi impitoyable qui surveille et puni.Voulons- nous devenir des êtres performants jusque dans ce qui nous importe le
plus? Des êtres imperturbables, qu'une existence unidimensionnelle pétrifie?Peut-être est-il opportun de savoir " désoeuvrer " sa vie (concept de G Agamben).Il ne s'agit pas tant de basculer dans l'inertie de la paresse occasionnelle-quoi-que- que de renoncer parfois à l'impératif de faire oeuvre, de cesser d'ériger en souverain virtuellement despote de soi-même une éthique de l 'in- volontarisme en somme. Il s'agit aussi de se rendre perméable à la surprise des évènements et d'accepter de se laisser déborder par les désirs et les puissances impersonnelles qui nous traversent. Se désoeuvrer en ce sens, ce serait s'ouvrir  à cette expérience de l'éclipse, de la dépossession de soi. Ce serait tendre vers une vie clandestine qui ne se laisse pas identifier et figer dans un projet univoque. Une vie où l'on deviendrait à soi-même sa propre inconnue, capable de prendre toutes les valeurs. Où l'on passerait de statut d'auteur omnipotent à celui de figurant embrassant les rôles, les aventures qui se présentent. Alors certes, se sculpter, au figuré comme au propre, donne une forme et une allure à ses jours. Mais si la statue à une main, déposons dans son creux une flamme qui vacille, prête à s'embraser, à tourner à tous les vents(...)

Wednesday, February 21, 2018

Ecoles des lignes

Le Corbusier
( L'homme raisonnable)" marche droit parce qu'il a un but; il sait où il va, il a décidé d'aller quelque part et il marche droit"in "une brève histoire des lignes Tim Ingold

Wednesday, February 07, 2018

la grande famille




"Lorsque Gregor Samsa s'éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se trouva dans son lit changé en un énorme cancrelat. Il était couché sur son dos, dur comme une carapace et, lorsqu'il levait un peu la tête, il découvrait un ventre brun, bombé, partagé par des indurations en forme d'arc, sur lequel la couverture avait de la peine à tenir et semblait à tout moment près de glisser. Ses nombreuses pattes pitoyablement minces quand on les comparait à l'ensemble de sa taille, papillotaient maladroitement devant ses yeux.

"Que m'est-il arrivé?"pensa-t-il.Ce n'était pas un rêve (...)"Kafka, la métamorphose.

"Et en effet, les soldats revinrent, ils patrouillaient partout, dans les maisons, dans la brousse. Ils n'avaient plus peur.Ils étaient sûrs d'eux.Ils avaient le casque bien enfoncé sur la tête. Et, dans leurs yeux, nous semblait-il, nous lisions une haine implacable.Ils nous appelaient les Inyenzi- les cafards. Désormais à Nyamata, nous serions tous des Inyenzi. J'étais une Inyenzi (...) in" Inyenzi ou les cafards"  , Scholastique Mukasonga