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Saturday, August 22, 2020

"choses nouvelles"

 " Pour les braves gens, dirait-on, il y a une différence essentielle entre les mendiants et les " travailleurs" normaux.Ils forment une race à part, une classe de parias, comme les malfaiteurs et les prostituées. Les travailleurs " travaillent", les mendiants ne " travaillent" pas.Ce sont des parasites, des inutiles. On tient pour acquis qu'un mendiant ne " gagne" pas sa vie au sens où un maçon ou un critique littéraire " gagnent" la leur. Le mendiant n'est qu'une verrue sur le corps social, qu'on tolère parce que nous vivons dans une ère civilisée, mais c'est un être essentiellement méprisable.

Pourtant, à y regarder de plus près, on s'aperçoit qu'il n'y a pas de différence fondamentale entre les moyens d'existence d'un mendiant et ceux de bon nombre de personnes respectables.Les mendiants ne travaillent pas, dit -on .Mais alors, qu'est ce que le travail?Un terrassier

 travaille en maniant un pic.Un comptable travaille en additionnant des chiffres.Un mendiant travaille en restant dehors, qu'il pleuve ou qu'il vente, et en attrapant des varices, des bronchites, etc.C'est un métier comme un autre.Parfaitement inutile, bien sûr - mais alors bien des activités enveloppées d'une aura de bon sens sont elles aussi inutiles. En tant que type social, un mendiant soutient avantageusement la comparaison avec quantité d'autres. Il est honnête, comparé aux vendeurs de la plupart des spécialités pharmaceutiques; il a l'âme noble comparé au propriétaire d'un journal du dimanche; il est aimable à côté d'un représentant de biens à crédit - bref c'est un parasite, mais un parasite somme toute inoffensif.Il prend à la commnauté rarement plus que ce qu'il lui faut pour subsister et -un chose qui devrait le justifier à nos yeux si l'on s'en tient aux valeurs morales en cours - il paie cela par d'innombrables souffrances. Je ne vois  décidément rien chez un mendiant qui puisse le ranger dans une catégorie d'êtres à part, ou donner à qui que ce soit d'entre nous le droit de le mépriser (...)p236 " Dans la dèche à Paris et à Londres G Orwell

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